Ce sujet fait partie des points abordés durant la séance de dialogue thématique entre la Délégation de l’Union européenne à Madagascar et les représentants de la Société civile, le 19 avril dernier. Cette fois-ci, le thème s’est axé sur « l’agriculture, la sécurité alimentaire et le domaine foncier ».
Quelles sont les réalités vécues par les agriculteurs et la population ?
Quelles sont les expériences de la Société civile dans ce domaine ?
Quels genres d’appui mettre en place ?
Telles étaient les questions posées.
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Les structures agricoles locales et la population rurale demeurent encore vulnérables, souligne la Société civile.
Elles subissent surtout les problèmes d’accès aux terres. Les terrains de cultures sont issus majoritairement des héritages familiaux. Pourtant, les générations s’élargissent au fil des années et les terrains destinés à chaque membre se réduisent. D’autres familles cherchent alors de nouveaux terrains à exploiter. Durant cette étape, ils se heurtent souvent à des problèmes d’ordre foncier : obtention de statuts juridiques, mutations non enregistrées, accaparement de terres suite à des projets d’investissements, etc. Mais les agriculteurs sont aussi vulnérables face au changement climatique, surtout dans la partie sud de l’île. Le manque de pluie affecte les productions agricoles et par ricochet la nutrition. D’ailleurs, les migrations dues à cette situation endommagent de plus en plus l’environnement dans les aires protégées.
Selon la Société civile, il faut responsabiliser davantage les communautés de base et collaborer avec toutes les parties prenantes, notamment l’État. Une vision commune est requise pour la résolution des conflits dans chaque secteur : mise en place d’observatoire du foncier, gestion des territoires, gestion des risques et catastrophes, etc.
Pour Rivo Fanomezantsoa, responsable du département opération programme de l’ONG Action Intercoopération Madagascar, il faut renforcer les compétences des structures locales :
« Renforcer les compétences des paysans pour qu’ils deviennent plus professionnels dans la production de matériels qui répondent aux besoins locaux, par exemple. Il faut donner plus de places aux techniciens agricoles qui sont basés dans chaque territoire. Établir une stratégie à l’initiative de l’État, pour que ces structures puissent continuer leurs activités de manière durable même si les financements de projets de prennent fin».
Il faut aussi faciliter l’accès des organisations paysannes au programme du Fonds de Développement Agricole, signale Andriamandimby Gérard, directeur du réseau SOA. Les agriculteurs demandent un allègement des procédures. « Dans ces programmes, donner plus d’accès aux femmes pour qu’elles deviennent autonomes. Il faut aussi établir ensemble un plan pour valoriser les semences locales car les besoins sont différents d’une région à l’autre. Et valoriser les aliments issus de l’élevage comme la viande de zébu».
Selon le coordinateur technique de la plateforme Rohy et directeur exécutif de l’ONG Msis Tatao, Andriamoraniaina Harijaona, la Société civile a comme rôle d’aider les agriculteurs à coordonner leurs activités pour qu’ils exercent dans le respect des normes, pour que leurs productions répondent à leurs besoins en nutrition, et pour que leurs activités génèrent des revenus économiques pour leurs familles et créent des emplois pour les jeunes. « Nous voulons surtout mener des actions de plaidoyer au niveau de l’Etat pour que les politiques prennent en considération ces réalités et adoptent les stratégies liées aux recommandations. Ce dialogue vise à trouver comment collaborer ensemble pour que les coopératives et les agriculteurs puissent bénéficier de ces actions».
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Les séances de dialogue structuré UE / Société civile, autour de thématiques d’actualité, se tiennent régulièrement dans le cadre de la Feuille de route 2021-2025 pour l’engagement de l’UE
envers la société civile à Madagascar, qui comprend trois priorités :
Promouvoir un environnement propice pour les organisations de la société civile malgaches ;
Renforcer la société civile dans son rôle d’acteur de gouvernance ;
Renforcer la pertinence, l’efficacité et la légitimité des programmes de coopération de l’UE à Madagascar.